Le long des côtes marocaines, 2000 kilomètres de barrières frontières séparent des milliers de jeunes migrant.es d’un objectif commun : l’Espagne, porte d’entrée pour l’Europe. Terré.es dans les bois qui peuplent la colline, ils et elles sont à l’affut de la moindre occasion pour tenter un assaut contre les hautes barrières et les barbelés. 

Certain.es réussiront à passer de l’autre côté, d’autres se feront capturer, « attrapé.es » par les barrières, devenant les échoué.es.

Échoué.es pour avoir tenté de choisir une autre voie que celle qui leur était tracée. 

Dans nos cités, les échoué.es désignent ceux et celles qui traînent, ceux et celles qui n'ont pas pu ou ou pas voulu suivre la voie imposée par leur milieu. Des jeunes si pleins de rêves et de possibilités, pourtant pris.es au piège d’une société qui peine à leur faire place.

Depuis plus d'une dizaine d'années, Nadia Beugré vit dans le quartier de Figuerolles à Montpellier, elle y a installé sa compagnie. Depuis plus d'une décennie, elle observe et échange avec les jeunes du quartier, souvent en perte de repères et qui la renvoient à sa propre adolescence, précaire et fragile, dans le quartier d'Abobo à Abidjan et à cette rencontre qui changea tout, la danse, la scène...

 

Comment alors explorer avec des jeunes les matières de l’exclusion : qu’est-ce qui fait de nous des échoué.es ? De quoi sommes-nous responsables ? Peut-on prendre en main sa vie, créer sa vie comme on créerait une œuvre, faire de la scène une tribune ?

Enfin, comment peut-on rebondir sur l’inattendu et être à même de saisir ce que la vie nous offre ?

À l’écoute des autres, de la musique des corps, de l’espace, mais aussi de l’invisible, il s’agira d’apprendre à se confronter avec ce qui n’était pas prévu ou pensé, lâcher prise pour se laisser embarquer vers d’autres destinations, aborder d’autres voyages et réévaluer ses propres contextes…

 

Les Échoué.es ? entend remettre les récits des jeunes accompagnés au centre de la ville, en valorisant leurs paroles, leurs contextes, leurs récits. À travers l'apprentissage de différentes pratiques performatives (mouvement, texte, musique) dans un premier temps, puis un processus créatif lors d'une seconde étape, les jeunes disposeront des outils nécessaires pour exprimer, et de fait transformer, les espoirs mais aussi les difficultés et les impasses auxquels ils et elles se heurtent au quotidien.

Cette mise à distance à travers le processus artistique leur permettra de se réapproprier activement leur environnement, leur singularité et leur place dans le quartier, la communauté, la société.

La diversité des trajectoires et des parcours, souvent ignorée, voire déconsidérée, sera ici célébrée, elle trouvera en studio et sur scène un espace de résonance et de rayonnement, auprès des autres, mais aussi pour soi-même.

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